Historique de la Marine nationale

Dès son accession à l’indépendance, le Sénégal s’est doté d’un bras armé en mer pour exercer sa souveraineté sur l’espace maritime et assurer le contrôle de ses eaux intérieures. La Marine nationale, telle qu’elle se présente aujourd’hui, est le résultat d’une évolution de son organisation et de sa flotte à des dates charnières.  Au cours de cette montée en puissance, elle a activement contribué au succès d’opérations majeures conduites par les Armées sénégalaises ces 60 dernières années.


1-    Structure et organisation en dates clé

-    1960 : création de la Marine nationale comme une unité au sein du premier bataillon
-    1961 : en mai 1961, un Bureau Marine est créé au sein de l’Etat-major des Armées. Ce bureau sera érigé en 1972 en Commandement de la Marine (COMARINE) avec à sa tête un officier français, le capitaine de corvette Guilles BOULIER.
-    1974 : Initialement implanté dans l’enceinte du chantier de construction et de réparation navale, le commandement de la Marine fut transféré dans l’arsenal, en face de l’ex bassin des torpilleurs de la Marine française, site qui correspond à l’actuelle Base navale Amiral Faye GASSAMA.
-    Le 22 janvier 1975, le Capitaine de Corvette Faye GASSAMA, issu de l’Ecole navale de Brest en France, devint le premier Commandant sénégalais de l’Armée de mer. C’est cette date que la Marine nationale célèbre chaque année sa fête patronale. L’officier de marine FAYE GASSAMA commandera la Marine nationale sénégalaise jusqu’au 31 mai 1989, date à laquelle il quitta le service actif au grade de vice-amiral.
-    1977 : le 1er Groupement naval sénégalais (1er GNS) est créé.
-    1980 : création de l’unité des fusiliers marins commandos (COFUMACO). Le premier embryon de cette unité a été formé en relation avec la compagnie des commandos de l’Armée de terre au Centre d’entrainement de Ngor sous la direction de l’enseigne de vaisseau Omar Bailo Kane, fraichement rentré de l’école de spécialisation des fusiliers marins de Lorient en France. 
-    1982 : le commandement de la Marine passe en Etat-major.
-    1987 : la Marine nationale se réorganise, avec la création de deux Groupements distincts de l’Etat-major, le Groupement naval opérationnel (GNO) et le Groupement de soutien de la Marine (GSM) ayant rang de corps. C’est dans cette même année qu’est créé le Centre d’instruction navale (CIN). 
-    1989 : ouverture de la Base navale secondaire d’Elinkine (BNSE)
-    1997 : création du Groupement de surveillance fluviomaritime (GSFM), ayant rang de corps et implanté à la BNSE.
-    2006 : l’Etat-major de la Marine nationale est réorganisé en quatre  Divisions (Opérations, Logistique, Ressources humaines et Technique) s’appuyant sur deux corps : le GNO et le GSM. Le GSFM, dédié principalement au contrôle du Fleuve Casamance et de ses affluents, est implanté à la BNSE.
-    2014 : à partir de mai, déploiement d’un détachement permanent de la Marine nationale à la base navale secondaire de Saint-Louis.
-    2016 : création des Forces spéciales mer. 
-    2019 : création de l’Ecole de la Marine nationale.
-    2020 : création des bases navales Nord, Centre et Sud qui viennent remplacer les trois corps de la Marine (GSM, GNO, GSFM).
-    La Marine nationale poursuit sa montée en puissance conformément aux orientations du plan stratégique 2025.

 

Evolution de la Marine de 1960 à 2020

 

Evolution de la Marine de 1960 à 2020

 

Evolution de la Marine de 1960 à 2020

 

Evolution de la Marine de 1960 à 2020

 

Evolution de la Marine de 1960 à 2020

 

Evolution de la Marine de 1960 à 2020

 

Evolution de la Marine de 1960 à 2020

 

2- Evolution de la flotte en dates clé

-    1960 : à sa création, la Marine nationale est dotée  de trois Patrouilleurs côtiers rapides (PCR CASAMANCE, SENEGAL et SINE SALOUM), navires à coques en bois armés d’un canon de petit calibre, et des Landing Craft Mechanized (LCM), le DJOMBOS et le DIOULOULOU, unités de débarquement de troupes d’origine américaine. Ces deux LCM se sont illustrés en assurant le transport des matériaux pour la construction de l’université des mutants de l’île de Gorée. 
-    1970 : au cours des années 70, la Marine nationale a acquis une deuxième génération de navires constitués de :
o    trois (03) Bâtiments de Surveillance Côtière (BSC) armés de canon de 40 mm, pouvant couvrir la Zone économique exclusive : le SAINT-LOUIS et le POPONGUINE en 1974, et le PODOR en 1976,
o    un Engin de débarquement d’infanterie et de chars (EDIC) : le FALEME,
o    trois (03) vedettes côtières rapides (VCR), le SENEGAL 2,  le SINE SALOUM 2, et le CASAMANCE 2 en 1979, armées de canons de 20 mm et pouvant couvrir la mer territoriale et la Zone contiguë.
-    1980 : les années 80 furent marquées par l’acquisition de deux (02)  Patrouilleurs de haute mer (PHM), le JAMBUUR en 1982 et le FOUTA en 1987, navires disposant d’une autonomie et d’un rayon d’action plus grands. Par ailleurs, l’arrivée d’un deuxième EDIC, le KARABANE en 1986, permet de remplir les missions de soutien logistique qui ont pris de l’ampleur, avec l’engagement en Zones militaires 5 et 6.
-    1994 : la Marine commence à se doter d’une flottille de vedettes avec l’arrivée des vedettes OMAR NDOYE et ALIOUNE SAMB. La flottille sera plus tard renforcée par la mise en emploi à la Marine nationale des vedettes appartenant à la Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches, ALPHONSE FAYE en 2004 et BAYE SOGUI en 2005, et à l’Administration des douanes, le SANGOMAR en 2007 et le DJIFERE en 2009. 
-    2010 : la flotte s’est renforcée avec la rétrocession de l’EDIC GOREE par la France en 2010 et du patrouilleur LAC DE GUIERS par l’Espagne en 2012.
-    2013 : l’analyse de la situation sécuritaire et l’exacerbation des menaces maritimes débouchent sur un ambitieux plan d’équipement dont la réalisation a permis de doter la Marine nationale d’importants moyens. Les réceptions du patrouilleur FERLO en  2013, du PHM KEDOUGOU en 2015 et du PHM FOULADOU en 2017 entrent dans ce cadre. Parallèlement, la flottille de vedettes s’est progressivement agrandie avec plus d’une dizaine d’embarcations, de 10 à 12 m de long, destinées essentiellement à la surveillance des approches maritimes et aux interventions au niveau des rades extérieures des ports et base navales, ainsi qu’aux patrouilles fluviales.
-    2019 : la poursuite du programme a permis l’acquisition de deux vedettes d’intervention de 25m, type SHALDAG, le SOUGROUNGROU et l’ANAMBE. Une troisième de 25m, le CACHOUANE, et une quatrième de 33m, le LAC RETBA, sont réceptionnées courant 2020. 
 

                                                                            EVOLUTION DE LA FLOTTE EN DATES CLES

Début du renouvellement de la flotte

 

A partir de 2013 : Début du renouvellement de la flotte

                                         

                                                                       A partir de 2013 : Début du renouvellement de la flotte 

A partir de 2013 : Début du renouvellement de la flotte

 

3.    Opérations majeures de la Marine en dates clé  
Durant toute son évolution, la Marine nationale a activement pris part aux engagements majeurs des Armées sénégalaises, à l’intérieur comme à l’extérieur du territoire national. 
Au plan intérieur :
-    1987 : La COFUMACO a été engagée aux premières opérations militaires en Casamance. Elle contribua, avec des unités du 5ème bataillon à la destruction du camp des rebelles de Ahinga (au sud de Ziguinchor à la frontière avec la République de Guinée Bissau). Dans ce même cadre, elle est déployée en mai 1990 le long de la frontière sur la ligne Mpack- Babonda pour effectuer une mission de contrôle de zone en vue d’assurer la protection des personnes et de leurs biens face à la rébellion armée du MFDC.

-    Principal bras armé de l’Etat en mer, la Marine est au cœur du dispositif dans le cadre de l’action de l’Etat en mer (AEM). Elle travaille en synergie avec tous les autres acteurs civils comme militaires. La Direction de la Surveillance et de la Protection des pêches (DPSP) ainsi que la principale structure de coordination de l’AEM, la Haute autorité chargée de la coordination de la sécurité, de la sûreté et de la protection de l’environnement marin (HASSMAR) sont d’ailleurs dirigées par des officiers de Marine. 

-    Depuis 2007 la Marine nationale est une des pièces maîtresses de l’opération FRONTEX mise en place pour lutter contre l’immigration clandestine, en coordination avec l’Armée de l’air, la Police et la Gendarmerie nationale ainsi que la Guardia civile espagnole.

Au plan extérieur :
-    En 1981, Opération FODE KABA 2. Un Groupe naval constitué du BSC Podor, faisant office de bâtiment de commandement, de deux VCR (Casamance 2 et Sine Saloum) et d’une Compagnie de FUMACO renforcée par une Section du génie, fut constitué dans le cadre de l’intervention du Sénégal en Gambie, conformément aux accords entre les deux pays. Ce Groupe naval avait pour mission :
o    le transport et le débarquement de troupes,
o    la collecte de renseignements,
o    l’appui feu aux troupes débarquées,
o    le blocus sur la façade maritime.
Le Groupe débarqua les éléments de la Compagnie renforcée FUMACO-génie sur la plage de BIJILO, le 31 juillet 198, à 08H 30. Les FUMACO furent immédiatement pris à partie par des éléments putschistes. Une coordination des feux avec le BSC PODOR (canon de 40 mm) permit d’assurer la conquête du terrain. Après le débarquement des troupes, les unités navales ont assuré la sécurisation de la façade maritime de la Gambie, dans la période du 30 juillet au 31 août 1981. Un blocus maritime fut instauré en vue de protéger les approches des côtes gambiennes, d’empêcher tout renfort aux rebelles, d’interdire aux insurgés tout repli et mais aussi d’établir une ligne de communication maritime entre Dakar et Banjul.
-     1984 : Opération NEDRILL. Dans le cadre de l’exploration pétrolière, le Sénégal décida d’installer une plateforme pétrolière dite « NEDRILL » dans une partie de ses eaux territoriales que lui contestait la République de Guinée Bissau. Le 06 janvier 1984, des unités navales bissau-guinéennes pénètrent dans la zone dans le but de s’opposer de force à la mise en œuvre du projet pétrolier. En riposte, le Sénégal mis en œuvre une opération navale nommée « NEDRILL » qui eut lieu dans la période du 7 janvier au 30 juin 1984 en vue de restaurer sa souveraineté sur cette partie de sa Zone économique exclusive.
o    Cette opération consistait à un contrôle de zone maritime mené par un Groupe naval composé de cinq bâtiments : le PHM NJAMBOUR, les BSC PODOR et ST-LOUIS, la VCR SINE SALOUM II et l’EDIC FALEME. Une base logistique était établie sur l’île de Karabane. 
o    La COFUMACO, redéployée à Bakau (Gambie), sera projetée pour assurer la sécurisation de la plateforme en mission d’exploration.
o    Cette crise connut une issue heureuse avec l’accord entre les deux pays relatif à la  création d’une Zone maritime de coopération et d’exploitation en commun des ressources, située entre les azimuts 268° et 220° tracés à partir du Cap Roxo.

-    1998-99 : Opération GABOU. La Marine nationale a participé de façon déterminante au déroulement de cette opération majeure des Armées sénégalaises en République de Guinée Bissau. 
o    La Marine a assuré le transport de toute la Force expéditionnaire, son débarquement sous le feu des insurgés et l’établissement d’une tête de pont et d’une ligne de soutien logistique entre Dakar et Bissau durant tout le conflit. En effet, l’aéroport de Bissau et toutes les voies terrestres menant vers la capitale étaient tenus par les mutins. Elle a aussi assuré au plan humanitaire l’évacuation des blessés et des réfugiés. 
o    Les unités mises en œuvre furent le PHM FOUTA, l’EDIC KARABANE, le BSC ST-LOUIS, les VCR SENEGAL II et CASAMANCE II, les vedettes Oumar NDOYE et Alioune SAMB et une Compagnie de FUMACO. Le ferry MS JOOLA, armé par un équipage de la Marine nationale avait assuré le désengagement des troupes en juillet 1999.
-    La Marine nationale a aussi régulièrement contribué à la génération des unités engagées dans les opérations de paix sous l’égide de l’ONU, de l’UA ou de la CEDEAO. A cet effet, la première compagnie de fusiliers marins commandos a connu son baptême de feu au Tchad en 1982. 
-    Depuis 2015, la Marine nationale constitue un acteur majeur des différentes initiatives régionales, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de l’architecture opérationnelle de sécurité maritime du Golfe de Guinée et de la Stratégie maritime intégrée de la CEDEAO.